Mise à jour du cadre juridique et développement des capacités techniques et du système d’alerte pour lutter contre les drogues synthétiques (Observatoire)

Publié il y a 5 heures

L’Observatoire national de la criminalité a appelé à la mise à jour du cadre juridique et au développement des capacités techniques et du système d’alerte précoce pour renforcer la lutte contre les drogues synthétiques, particulièrement la “Pouffa”.

Une étude publiée récemment par l’Observatoire qui relève du ministère de la Justice sur “la drogue Pouffa au Maroc : analyse des tendances et réponses stratégiques”, a souligné la nécessité de l’achèvement du cadre réglementaire du dahir de 1974 et l’établissement de définitions précises des drogues synthétiques avec le renforcement des sanctions relatives à la production locale illicite.

L’étude a appelé au développement des capacités techniques à travers la mise à jour des laboratoires avec les technologies les plus avancées et la formation d’experts spécialisés en analyse chimique, en plus de l’adaptation des protocoles thérapeutiques aux spécificités des drogues synthétiques.

La drogue “Pouffa” est un mélange hétérogène composé de résidus de cocaïne mélangés à diverses substances chimiques et médicaments. Cette drogue est apparue en 2020 et sa propagation s’est accrue pendant la pandémie de Covid-19 en raison des difficultés d’accès aux drogues importées, relève l’étude.

Pour lutter contre la prolifération de cette drogue, l’Observatoire national de la criminalité a souligné la nécessité du développement du système d’alerte précoce à travers la création d’un réseau de surveillance spécialisé dans les nouvelles substances et le développement d’une base de données nationale unifiée, avec le renforcement des mécanismes de coopération internationale pour l’échange d’informations sur les menaces émergentes.

L’Observatoire relève également l’impératif du renforcement de la prévention et de la sensibilisation via le développement de campagnes de sensibilisation spécialisées ciblant les groupes les plus à risque, et la mise en œuvre de programmes préventifs complets en milieu scolaire, et la lutte contre la stigmatisation sociale liée à l’addiction.

Il met également l’accent sur le développement du traitement et des sanctions alternatives en incluant l’accélération de la création de centres thérapeutiques régionaux spécialisés et l’activation de l’application des sanctions alternatives, avec le renforcement des programmes de réinsertion sociale et professionnelle des personnes rétablies.

L’Observatoire plaide aussi pour le renforcement de la coopération régionale et internationale à travers le développement de mécanismes de coopération judiciaire efficace et l’échange d’informations de renseignement sur les réseaux criminels, en plus du partage des meilleures pratiques thérapeutiques et préventives avec les partenaires internationaux.

L’analyse effectuée par l’Observatoire national de la criminalité s’est basée sur le traitement des données statistiques officielles émanant de la Direction Générale de la Sûreté Nationale et du Commandement Général de la Gendarmerie Royale pour la période 2022-2024, avec une analyse de la dimension quantitative du phénomène à travers l’évolution des saisies et arrestations, de la dimension géographique par la répartition régionale, et de la dimension sociodémographique des personnes impliquées. Elle a révélé un ensemble de données relatives à l’émergence et à la propagation de ce phénomène.

Entre 2022-2024, les services de sécurité ont traité 878 affaires liées à la drogue Pouffa, ayant abouti à l’arrestation de 1 044 personnes avec la saisie de plus de 18 kilogrammes de cette substance, tandis que 3 décès confirmés liés à sa consommation ont été enregistrés.

Le phénomène a évolué de manière continue de 493 grammes saisis en 2022 à 8 014 grammes en 2023, puis 9 697 grammes en 2024.

Le nombre d’arrestations a également évolué de 92 personnes en 2022 à 482 arrestations en 2023, puis 470 en 2024. La propagation de la drogue Pouffa se concentre dans le milieu urbain avec 82% des procès-verbaux et 76% des arrestations.

Concernant la tranche d’âge, le phénomène cible principalement la catégorie entre 18 ans et 55 ans avec un taux dépassant 90%, et une concentration chez les hommes à 88,9% et les citoyens marocains à 91,3%. La plupart des personnes impliquées se caractérisent par une situation économique et éducative précaire, les taux élevés se concentrant parmi les chômeurs et les non-scolarisés ou ceux ayant un niveau d’éducation de base.

L’étude note que le Maroc dispose de composantes institutionnelles de haute efficacité pour faire face à ce défi à travers les autorités d’application de la loi, l’expertise de l’Observatoire marocain des drogues et addictions, le réseau de centres de traitement spécialisés qu’il convient de renforcer, en plus de la position de leadership du Royaume dans les instances des Nations Unies de lutte contre les drogues.

L’Organe international de contrôle des stupéfiants avait mis en garde dans son rapport de 2024 contre “l’expansion rapide de l’industrie des drogues synthétiques illicites”, la considérant comme “une menace majeure pour la santé publique mondiale”. De même, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a confirmé dans son rapport de 2025 la domination croissante des drogues synthétiques.

MAP