L’Université Mohammed VI Polytechnique, l’UNESCO et la Fondation OCP ouvrent un nouveau chapitre de leur collaboration pour la période 2025-2027, avec un engagement financier de 6 millions de dollars. L’accord, signé par Mostapha Terrab, Président du Groupe OCP, et Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, vient consolider une alliance construite sur une volonté partagée d’agir au plus près des enjeux africains.
Reposant sur un mécanisme de mise en œuvre conjointe entre l’UM6P et l’UNESCO, avec le soutien de la Fondation OCP, l’initiative développe des projets où éducation, science, technologie et patrimoine culturel ne sont pas traités en silos, mais articulés comme des leviers conjoints d’un développement endogène, durable et souverain.
Depuis 2017, les trois institutions ont construit une dynamique de coopération autour de valeurs convergentes : l’investissement de long terme dans les systèmes de savoirs, le rôle structurant de l’enseignement supérieur, la valorisation des ressources culturelles, et l’importance d’une innovation ancrée dans les réalités locales. Plutôt que de proposer un modèle unique, la collaboration repose sur une architecture modulaire, structurée en cinq axes complémentaires. Chacun fait l’objet d’un accord distinct, permettant une diversité de temporalités, d’outils et de modes de gouvernance, selon les thématiques abordées.
« Ce partenariat, nous le considérons comme un catalyseur — un véritable moteur d’impact et d’innovation au service du continent africain. En unissant nos forces autour d’axes structurants tels que l’intelligence artificielle — qu’il est essentiel de percevoir comme un levier puissant de valorisation du patrimoine, d’innovation et d’autonomisation — ainsi que le développement durable, l’histoire, la culture et l’enseignement supérieur, nous sommes convaincus de pouvoir accompagner et accélérer les transformations profondes du continent africain. », a déclaré Mostapha Terrab, Président du Groupe OCP.
« L’Afrique est au cœur de la mission et des priorités de l’UNESCO. Avec la Fondation OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique, nous approfondissons le partenariat qui nous lie pour les années à venir, en investissant dans les savoirs, les communautés et les territoires, en misant sur l’éducation, le patrimoine et l’environnement. Ce sont des fondamentaux incontournables au service de l’Afrique,» a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Dans le domaine de l’intelligence artificielle, la collaboration accorde la priorité à l’opérationnalisation du Consensus africain de Rabat sur l’IA. Cela inclut la conception de modules de formation adaptés aux réalités régionales, le développement de programmes de recherche appliquée et le déploiement exploratoire de technologies d’IA générative dans certains services publics. La logique sous-jacente est de tester des voies permettant aux pays africains de s’approprier les technologies de l’IA non pas simplement comme utilisateurs, mais comme acteurs institutionnels capables de définir les problématiques, les seuils éthiques et les besoins infrastructurels propres à leurs réalités administratives.
En matière d’enseignement supérieur, le programme se concentre sur la facilitation de la mobilité académique transfrontalière, la coproduction de recherches et le développement d’écosystèmes académiques moins dépendants des modèles importés d’excellence. Des dispositifs de bourses, des programmes de mobilité et des co-encadrements de projets de recherche seront mis en œuvre via Campus Africa, une plateforme conçue par l’UNESCO pour encourager la collaboration horizontale entre universités africaines. L’accent est mis sur la circulation des talents, des savoirs et des pratiques pédagogiques, dans le but de renforcer les capacités institutionnelles enracinées régionalement et connectées à l’international.
L’intégration du programme Histoire générale de l’Afrique (HGA), piloté par l’UNESCO, illustre la volonté d’exploiter le savoir historique comme ressource opérationnelle pour la réforme des curricula. Le projet consiste à accompagner les universités africaines dans l’intégration de l’HGA à leurs offres académiques, à travers la mise à disposition de supports pédagogiques multilingues, la formation des enseignants et le développement d’outils de suivi pour évaluer sa mise en œuvre.
L’initiative Maou’root, dédiée au patrimoine culturel, vise à structurer un réseau panafricain de professionnels dans le domaine de la conservation patrimoniale. Elle rompt avec les approches cloisonnées en privilégiant des modèles communautaires et interdisciplinaires, couvrant à la fois le patrimoine tangible et intangible. Par le biais de formations ciblées, d’outils de diagnostic localisés et d’échanges interinstitutionnels, le programme ambitionne de développer des capacités de gouvernance patrimoniale techniquement rigoureuses tout en restant socialement ancrées.
Sur les questions environnementales, le volet restauration des écosystèmes adopte une méthodologie basée sur des projets pilotes. Des zones protégées sélectionnées en Afrique serviront de sites tests pour des projets de restauration intégrée liant conservation de la biodiversité, résilience climatique et revitalisation économique. L’objectif est de déterminer si les résultats écologiques peuvent être atteints en parallèle d’une génération de revenus et d’une diversification des moyens de subsistance pour les populations locales. Ce travail contribuera à l’élaboration de modèles reproductibles prenant en compte les interdépendances entre systèmes naturels, pressions économiques et mandats institutionnels.
Cette nouvelle phase traduit une conviction commune des trois institutions : les résultats en matière de développement en Afrique dépendent moins de projets isolés que de l’architecture reliant production de savoir, conception institutionnelle et faisabilité opérationnelle.
UM6P