“Les trésors humains vivants du bassin de Oued Noun : perspectives de protection et de valorisation à l’ère des industries culturelles et de la révolution numérique” a été le thème d’un colloque organisé samedi à Guelmim.
Ce colloque auquel ont pris part plusieurs chercheurs et experts en histoire et patrimoine, s’inscrit dans le cadre du troisième Forum régional des industries culturelles de la région de Guelmim-Oued Noun, initié les 14 et 15 février par l’Association Bouizakarne pour le développement et la culture sous le slogan “Les trésors humains vivants du bassin de Oued Noun : histoire, mémoire et opportunités de développement”.
Cet événement a été l’occasion d’examiner les moyens de valoriser ce patrimoine et d’explorer ses perspectives de protection face aux évolutions du secteur culturel et du numérique.
La région de Guelmim-Oued Noun regorge de trésors humains vivants, notamment des manifestations culturelles à forte valeur historique et sociale, comme le Moussem de Tan-Tan ou le Moussem religieux de la Zaouïa d’Assa, ont indiqué plusieurs intervenants aux débats ayant marqué cette rencontre.
Ils ont également mis en avant la richesse du patrimoine local en savoir-faire traditionnels, notamment dans la confection des tentes, des bijoux sahariens et amazighs.
Le président de l’Association Bouizakarne pour la culture et le développement, Mustapha Achiban, a souligné l’importance des éléments immatériels du patrimoine national, qui englobent une diversité de pratiques, traditions, expressions et connaissances, en plus des objets et espaces culturels qui leur sont associés.
Il a indiqué que cette troisième édition du forum vise à instaurer un débat public constructif entre les différents acteurs du patrimoine régional, à identifier les obstacles liés à l’inventaire des trésors humains vivants et à examiner les moyens de les transformer en richesses matérielles.
Pour sa part, Ahmed Oumouss, chercheur en archéologie et patrimoine à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine de Rabat (INSAP), a mis l’accent sur l’importance du colloque en tant qu’espace de réflexion sur les trésors humains vivants.
La législation marocaine, notamment la loi 80.22 sur la protection du patrimoine culturel, manquait de dispositions spécifiques encadrant le patrimoine immatériel, y compris les trésors humains vivants, a-t-il encore noté.
Il a cet égard précisé que ce vide juridique a conduit le Maroc à s’appuyer sur les lois internationales spécifiques en la matière, notamment la Convention de l’UNESCO de 2003 et les normes de l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO), pour inscrire certaines composantes de ce patrimoine sur les listes du patrimoine culturel immatériel mondial et islamique.
Il a également évoqué la nouvelle loi 33.22 sur la protection du patrimoine, qui vise à préserver et valoriser les trésors humains vivants en protégeant les porteurs de savoir-faire, de connaissances et de traditions, leur accordant ainsi une reconnaissance et une considération accrues.
De son côté, Taleb Bouya Laâtik, chercheur en patrimoine hassani, a souligné la singularité des trésors humains vivants, qui couvrent divers aspects de la vie et restent ancrés dans les communautés en dépit des évolutions sociétales et environnementales.
Il a particulièrement mis en avant l’importance des jeux populaires sahariens, pratiqués par les hommes et les femmes du désert, en tant qu’activités éducatives, cognitives et physiques, jouant un rôle clé dans la transmission des valeurs et le développement des aptitudes sociales.
Les autres intervenants ont de même insisté sur l’importance de préserver les trésors humains vivants pour sauvegarder l’identité culturelle et le patrimoine immatériel, mettant l’accent sur le rôle de l’État dans l’institutionnalisation de ces savoir-faire et pratiques traditionnels afin de les protéger de l’extinction et de les intégrer dans les stratégies de développement culturel et économique.
Le troisième Forum régional des industries culturelles de la région de Guelmim-Oued Noun, organisé en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication (département de la culture) et la Commission régionale des droits de l’Homme, visait à renforcer le dialogue entre les acteurs du patrimoine régional, à identifier les défis liés à l’inventaire des trésors humains vivants et à explorer les opportunités de leur intégration dans le développement régional.
MAP